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Ryad et Téhéran se réconcilient, Tel-Aviv pleure


Rédigé par le Samedi 11 Mars 2023

Coup de théâtre au Moyen Orient. Sept ans après la rupture des relations diplomatiques entre l’Arabie saoudite et l’Iran, ces deux puissances régionales ont décidé de les rétablir.



L’ouverture d’une représentation diplomatique iranienne à Ryad et saoudienne à Téhéran devrait se faire « dans un délai maximum de deux mois », selon les termes d’un accord conclu, le 10 mars, entre les deux pays, suite à une intermédiation chinoise.

Outre la prochaine rencontre entre les deux ministres des affaires étrangères, le saoudien Faisal Ibn Farhan Al Saoud et l’iranien Hossein Amir Abdollahian, l’accord de coopération et de sécurité, portant sur la lutte contre le crime organisé et le terrorisme, conclu entre Ryad et Téhéran en 2001, est ressuscité.

Il est également prévu que les relations entre l’Iran et d’autres pays du Golf, dont le Koweït et le Bahreïn, jusqu’à présent fort réduites, pourront connaître une nette amélioration.

Fin de la confrontation Sunniets-Chiites

C’est, donc, la fin d’une confrontation qui a opposé les deux principaux courants de l’Islam, le Sunnisme et le Chiisme, qui s’est traduite en affrontements armés au Moyen Orient, dont les longues guerres sanglantes de Syrie et du Yémen.

Il va sans dire qu’à Tel-Aviv, qui rêvait d’inclure l’Arabie saoudite dans les « accords d’Abraham », c’est autant la consternation qu’un profond dépit suite à cette réconciliation irano-saoudienne.

Les quotidiens américains, le « New York Times » et le « Wall Street Journal », avaient laissé entendre que l’Arabie saoudite désirait obtenir un programme nucléaire civil en contrepartie d’un accord avec Israël, ainsi que l’acquisition de systèmes d’armement américain et une « protection » contre l’Iran.

De toute évidence, il s’agissait essentiellement de vieux pieux de Tel-Aviv et du lobby sioniste à Washington, qui se sont d’ailleurs opposés à tout retour à l’accord nucléaire avec l’Iran. 

Prise de conscience saoudienne

L’objectif des anglo-sionistes était, depuis longtemps déjà, de coaliser les pays arabes sunnites de la région contre l’Iran et de trouver un casus belli afin de lancer une guerre contre l’Iran.

Les attaques contre des installations pétrolières saoudiennes, en septembre 2019, menées par les rebelles houtis du Yémen, sans que les Etats-Unis ne les contrent, ainsi que l’ostracisation du prince héritier Mohamed Ibn Salman par la classe politique de Washington, suite à l’assassinat du journaliste saoudien Jamal Khashoggi, en octobre 2018 à Istanbul, ont convaincu les décideurs politiques à Ryad qu’il leur fallait repenser leurs alliances et relations régionales.

Le premier signe que Ryad prenait ses distances avec Washington est apparu l’année dernière, lorsque l’Arabie saoudite et la Chine ont convenu de libeller les contrats de vente de pétrole saoudien en monnaie chinoise, le Yuan, annonçant ainsi le début de la fin pour le pétrodollar.
 
L’accord entre Ryad et Téhéran est de nature à redessiner la carte des alliances et influences au Moyen Orient, au détriment des ambitions et intérêts d’Israël, qui va progressivement se retrouver esseulée dans la région.

En attendant Turquie-Syrie

Washington a, toutefois, su saisir la balle au vol. Le président Joe Biden a « salué » l’accord irano-saoudien et émis le souhait que ce rapprochement entre ces deux puissances régionales se traduise par la cessation des hostilités au Yémen.

Un second revers de la même dimension géostratégique pour les Etats-Unis et Israël est également attendu au Moyen Orient, des sources crédibles faisant état de discussion secrètes entre la Turquie et la Syrie, avec une intermédiation russe, dans le but de mettre fin au conflit qui déchire ce dernier pays arabe depuis 2011 et le rétablissement des relations diplomatiques entre Ankara et Damas.

Une fois que les acteurs politiques sunnites et chiites du Moyen Orient cesseront de s’entredéchirer, la présence militaire des Etats-Unis au Nord-est de la Syrie deviendra plus problématique qu’elle ne l’est déjà.

Des temps difficiles pour Israël

Pour Israël, actuellement dirigée par un gouvernement Netanyahou infesté de sionistes religieux, des nuages sombres s’amoncèlent à l’horizon.

Une guerre contre l’Iran semble définitivement écartée, faute d’alliés régionaux prêts à se sacrifier pour la sécurité d’Israël.

Et un retour sur le devant de la scène de l’initiative de paix arabe, basée sur l’échange des territoires palestiniens occupés contre la paix, foncièrement rejetée par Israël, risque de mettre cette dernière au ban des nations.

Après les prémices de la défaite de l’Ukraine, soutenue par les Etats-Unis, contre la Russie, l’accord Arabie saoudite-Iran apparaît comme une nouvelle preuve de l’effondrement de la force et de l’influence des Etats-Unis, ex-hyper puissance mondiale.





Ahmed Naji
Journaliste par passion, donner du relief à l'information est mon chemin de croix. En savoir plus sur cet auteur
Samedi 11 Mars 2023

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