Depuis quelques années, TikTok est devenu un carrefour d’échanges où des millions d’internautes s’informent, se divertissent et, de plus en plus, cherchent des réponses à leurs questions de santé. Mais avec l’essor fulgurant de l’intelligence artificielle, la plateforme est désormais inondée de conseils médicaux générés par des algorithmes, souvent trompeurs, parfois dangereux.

En tant que médecin, je vois émerger un véritable défi pour la profession : comment lutter contre cette désinformation médicale massive qui se propage à une vitesse virale ?

Les vidéos TikTok promettent des solutions rapides : des « astuces miracles » pour perdre du poids, traiter l’acné, soigner l’anxiété ou encore améliorer son sommeil. Ces conseils, parfois générés par l’intelligence artificielle, imitent le ton des professionnels de santé, mais sans rigueur scientifique. Pire encore, certains créateurs exploitent cette technologie pour produire des vidéos d’apparence crédible, diffusant des recommandations infondées, voire dangereuses.

L’IA, en compilant des informations issues du web sans discernement, est incapable de différencier un article scientifique validé d’une théorie conspirationniste. Le résultat ? Une masse de conseils pseudo-médicaux séduisants, simplifiés à l’extrême, qui poussent certains utilisateurs à ignorer les recommandations officielles ou à expérimenter des traitements non éprouvés.

L’impact de cette désinformation est tangible. De nombreux patients arrivent désormais en consultation avec des idées préconçues sur leur état de santé, persuadés d’avoir trouvé la solution sur TikTok. Certains arrêtent leurs traitements médicaux après avoir visionné des vidéos affirmant, à tort, que le jeûne ou les plantes suffisent à guérir des maladies chroniques. D’autres adoptent des pratiques dangereuses, comme la surconsommation de compléments alimentaires ou des techniques non validées par la recherche.

Les jeunes, particulièrement vulnérables, sont les premières victimes de ces fausses informations. À un âge où ils cherchent des réponses simples à leurs problèmes corporels et psychologiques, ils absorbent ces contenus sans recul critique. L’algorithme de TikTok, conçu pour maximiser l’engagement, leur propose sans cesse des vidéos similaires, renforçant ces croyances erronées et limitant leur accès à des sources fiables.

Face à cette marée de désinformation, les médecins ont un rôle crucial à jouer. Il ne s’agit plus seulement de soigner, mais aussi d’éduquer, de décrypter, de rétablir la vérité scientifique. Il est impératif que les plateformes prennent leurs responsabilités en régulant le contenu médical généré par l’IA et en mettant en avant les informations vérifiées par des experts de la santé.

Par ailleurs, il devient urgent d’introduire une éducation à la santé numérique dans les écoles, afin d’aider les jeunes à développer leur esprit critique face aux informations en ligne. Sans cette prise de conscience collective, nous risquons de voir la médecine fondée sur des preuves remplacée par des recommandations erronées, issues d’algorithmes incapables de mesurer les conséquences de leurs suggestions.

TikTok peut être un outil puissant de vulgarisation médicale, à condition qu’il soit encadré. Il est temps d’agir pour que la médecine ne devienne pas l’otage des intelligences artificielles dépourvues de conscience, et que la santé des patients ne soit pas mise en danger par un flot incontrôlé de fausses informations.