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Américains et Européens se querellent à Munich


Rédigé par le Lundi 17 Février 2025

Les Etats-Unis de Donald Trump veulent la fin du conflit en Ukraine, en écartant des négociations avec la Russie les pays européens. L’Occident, en crise, s’est donné en spectacle lors de la conférence de Munich sur la sécurité.



« La menace qui me préoccupe le plus vis-à-vis de l'Europe n'est ni la Russie, ni la Chine, ni aucun autre acteur extérieur », a déclaré, le 14 février, le vice-président américain, James David Vance, lors d’un discours prononcé lors de la conférence de Munich sur la sécurité, qui s’est déroulée du 14 au 16 février. 

« Ce qui m'inquiète, c'est la menace qui vient de l'intérieur : le recul de l'Europe par rapport à certaines de ses valeurs les plus fondamentales, des valeurs partagées avec les Etats-Unis d'Amérique », a-t-il ajouté.

Il n’en fallait pas plus pour susciter l’ire des dirigeants européens, un sentiment encore plus exacerbé par l’annonce faite, le 15 février, par l’émissaire de Donald Trump pour l’Ukraine, Keith Kellogg, selon lequel ni les Ukrainiens, ni les Européens n’allaient être présents aux négociations entre les Etats-Unis et la Russie sur l’arrêt de la guerre en Ukraine.

Le mur des lamentations

« La démocratie pour l’ensemble de l’Europe a été remise en question par le vice-président américain », s’est insurgé le ministre allemand de la défense, Boris Pistorius. « Il parle de l’anéantissement de la démocratie. Et si je l’ai bien compris, il compare les conditions dans certaines parties de l’Europe avec celles de régions autoritaires… Ce n’est pas acceptable ».

On s’imagine les dirigeants des pays du Sud global, auxquels les Européens se plaisent à donner des leçons de démocratie, s’esclaffer de rire.

« Il n'y a aucune façon de mener des discussions ou des négociations sur l'Ukraine, sur l'avenir de l'Ukraine ou sur la structure de sécurité européenne, sans les Européens », a tenu à souligner le président finlandais, Alexander Stubb.

Une position partagée par le ministre français des affaires étrangères, Jean-Noël Barrot : « seuls les Ukrainiens peuvent décider d’arrêter de combattre, et nous les soutiendrons tant qu’ils n’auront pas pris cette décision ».

Quelque peu rassuré par ces déclarations, le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, s’est montré plus vaillant : « l’Ukraine n'acceptera jamais des accords dans notre dos sans notre participation, et la même règle devrait s'appliquer à l'ensemble de l'Europe.

Le gala des bafoués

Le chef de la diplomatie française, pour qui « un vent d’unité souffle sur l’Europe », en a profité pour annoncer la tenue, le 17 février, d’une réunion des sept principaux pays européens (France, Grande Bretagne, Allemagne, Espagne, Italie, Pays Bas, Danemark) à Paris pour discuter de la sécurité européenne, à laquelle a appelé le président Emmanuel Macron.

« Nous considérons qu’il y a, en conséquence de l’accélération sur le dossier ukrainien, en conséquence aussi de ce que disent les dirigeants américains, une nécessité pour les Européens de faire plus, mieux et de manière cohérente pour notre sécurité collective », a estimé le chef de l’Etat français.

Pour ne pas être en reste, le président Zelensky s’est fendu d’une proposition pleine de volontarisme : « Nous devons construire les forces armées de l’Europe afin que l'avenir de l’Europe ne dépende que des Européens et que les décisions concernant l'Europe soient prises en Europe ». 

Au-delà de l’effet de manche, il est évident que l’Ukraine n’a ni les moyens financiers, ni militaires, d’apporter sa pierre à cet édifice toujours théorique.

Les pays membres de l'UE comptent, il est vrai, investir 500 milliards d’euros dans la défense au cours de la prochaine décennie, mais ne sont toujours pas parvenu à se mettre d’accord sur les moyens de s’y prendre ensemble.

Les Tartarins de Tarascon

Personne n’a accordé grand crédit aux propos du secrétaire général de l'Otan, Mark Rutte, concernant la possibilité pour l’Ukraine de rejoindre encore l’Alliance atlantique. Si les Etats-Unis s’y opposent, les Ukrainiens n’y adhéreraient jamais.

Déconcertés par les prises de position de la nouvelle administration Trump, les Européens semblent s’agiter comme des poulets sans têtes.

« Nous sommes prêts et disposés à contribuer aux garanties de sécurité pour l’Ukraine en envoyant nos propres troupes sur le terrain si nécessaire », a lancé le premier ministre britannique, Keir Starmer. 

Enhardi par cette déclaration, la cheffe de la diplomatie suédoise, Maria Malmer, a aussitôt emboîté le pas. La Suède n’exclut pas d’envoyer des troupes en Ukraine.

Ce n’est pas sans rappeler le personnage principal de la fable d’Alphonse Daudet, Tartarin de Tarascon, l’infortuné chasseur de lions. 

Pendant ce temps, les peuples du Sud global profitent du spectacle de la déconfiture d’un Occident, désormais morcelé, et s’apprêtent à lui donner des leçons sur les vertus de la paix.





Ahmed Naji
Journaliste par passion, donner du relief à l'information est mon chemin de croix. En savoir plus sur cet auteur
Lundi 17 Février 2025

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