L’arrogance comme politique : Trump et la déshumanisation des Palestiniens
Ce n’est pas la première fois que l’ancien président américain se fait le héraut d’une vision simpliste et unilatérale du Moyen-Orient. Après tout, c’est lui qui, en 2017, avait décidé de reconnaître Jérusalem comme capitale d’Israël, balayant d’un revers de main des décennies de consensus international, comme un enfant qui renverse un jeu de dominos pour le simple plaisir de voir tout tomber. Avec Trump, il ne s’agit jamais de diplomatie, mais de spectacle. Et quel spectacle ! Celui d’un homme qui, armé de son arrogance et de son ignorance, croit pouvoir imposer sa volonté à une région où chaque pierre raconte une histoire millénaire de conflits, de résistances et de douleurs.
Promettre « un enfer » au Hamas si les otages ne sont pas libérés, c’est oublier que cette région vit déjà dans un enfer quotidien. Gaza, cette étroite bande de terre où plus de deux millions de Palestiniens survivent dans des conditions inhumaines, est le théâtre d’un blocus impitoyable depuis plus de quinze ans. Faute d’eau potable, de soins médicaux et d’opportunités économiques, les habitants de Gaza n’ont pas besoin des menaces de Trump pour connaître l’enfer ; ils y sont déjà.
Mais Trump, fidèle à lui-même, ne s’embarrasse pas de nuances. Pour lui, les Palestiniens ne sont pas des êtres humains à part entière, avec des droits et des aspirations. Ce sont des obstacles sur la route d’un « deal du siècle » qu’il avait autrefois tenté d’imposer, un plan qui proposait, entre autres absurdités, de déplacer des millions de Palestiniens vers d’autres pays arabes. Une idée qui, sous couvert de pragmatisme, s’apparente à un nettoyage ethnique maquillé en projet immobilier.
Ce qui est tragique dans cette posture, ce n’est pas seulement l’ignorance volontaire de Trump, mais l’écho qu’elle trouve dans une partie de l’opinion publique occidentale. En réduisant les Palestiniens à des chiffres, des menaces ou des « terroristes », on justifie implicitement leur déshumanisation. On oublie qu’ils sont des mères, des pères, des enfants, des étudiants, des ouvriers, des poètes. On oublie qu’ils ont des rêves, des blessures, des espoirs. Et surtout, on oublie qu’ils ont des droits.
Trump n’est pas le premier à instrumentaliser le conflit israélo-palestinien pour servir ses propres intérêts politiques. Mais il est peut-être le plus grossier. Là où d’autres leaders tentent au moins de sauver les apparences, Trump avance sans masque, sans filtre, avec une brutalité qui, paradoxalement, a le mérite de révéler les véritables rapports de force. En promettant « un véritable enfer », il ne fait que confirmer ce que beaucoup savaient déjà : pour lui, la vie palestinienne n’a aucune valeur.
Ce qui rend la situation encore plus désespérante, c’est que Trump n’est pas seul dans cette entreprise de destruction. Son approche trouve des alliés chez les faucons israéliens, qui voient en lui un partenaire idéal pour poursuivre une politique d’annexion et de colonisation sans entraves. Ensemble, ils forment un duo tragique, où l’arrogance rencontre l’impunité.
Et pourtant, malgré tout, les Palestiniens continuent de résister. Ils résistent à l’occupation, au blocus, à la déshumanisation. Ils résistent à l’idée qu’ils devraient abandonner leur terre, leur histoire, leur dignité. Cette résistance, que Trump et ses semblables ne comprendront jamais, est la véritable tragédie de ce conflit : celle d’un peuple qui, malgré tout, refuse de disparaître.
Alors, promettons à Trump un « véritable enfer » s’il persiste dans ses menaces absurdes. Mais pas un enfer de feu et de soufre. Non, un enfer bien plus cruel pour un homme comme lui : celui de l’indifférence. Car le jour où ses déclarations ne provoqueront plus ni colère ni indignation, mais seulement des rires moqueurs, il aura enfin perdu le seul pouvoir qu’il a jamais eu : celui de faire du bruit.
En attendant, les Palestiniens continueront de vivre, de mourir, de rêver, de résister. Et Trump continuera de parler, de menacer, de gesticuler. Mais qu’est-ce qu’un homme comme lui, face à un peuple qui refuse de se taire ? Rien qu’un souffle, une tempête dans un désert, destinée à s’éteindre bien avant que la justice ne triomphe.