Autrement, plus d’une centaine de navires battant pavillon, espagnol, portugais, français, allemand, lituanien, lettonne, polonais, hollandais, irlandais, italien et anglais aussi, ne pourront plus exploiter les ressources maritimes des eaux marocaines et auront à regagner leurs ports d'attache pour leur grande majorité en Andalousie, aux îles Canaries et à Galice.

L’Espagne avec la France en sont les plus grands bénéficiaires, et, à lui seul, le pays ibérique compte le plus grand nombre de navires de pêche.

Soit un total de 93 unités comprenant senneurs, palangriers de fond, bateaux de pêche artisanale, thoniers….

 Or, contrairement aux précédents scénarios, tout semble indiquer que le renouvellement de cet accord n’est pas pour bientôt dans la mesure où Rabat et Bruxelles adoptent apparemment une attitude de «  wait and see ». Rien, absolument rien ne laisse présager ou entrevoir que les deux parties concernées aient entamé des négociations. Ce qui met à rude épreuve la patience de Madrid qui, en attendant, ne sait où donner de la tête.

 Les nombreuses sorties de Luis Planas, ministre espagnol de l'Agriculture, de la Pêche et de l'Alimentation, en sont la parfaite illustration. M.Planas déclare, à qui veut l’entendre, que la fin du protocole d’accord Maroc-UE est l'une des questions sur lesquelles son ministère insistera pendant la présidence espagnole de 6 mois du Conseil de l'UE qui, précisons le, avait débuté le premier juillet.

Or, qu’on le veuille ou pas, l’on est bien obligé de finir par reconnaître que le contexte d’aujourd’hui n’est pas celui d’il y a quatre ans. Les temps ont changé, la donne aussi.

Les termes d’un « new deal » à la marocaine se mettent en place. Et ce, depuis un certain temps déjà.
 Quoi de plus normal que d’exiger de ces partenaires : plus de sérieux, respect et loyauté et moins de surenchère politique ou autre.

D’autant plus que le Maroc opte pour une nouvelle posture dont le soubassement est fondé sur une nouvelle politique extérieure du Royaume qui adopte le ton de la fermeté et exige de ses partenaires de clarifier leur position vis-à-vis de sa souveraineté nationale et de son intégrité territoriale.

Quoi de plus normal que le Maroc aspire à une nouvelle approche de partenariat, affiche une ferme volonté de s’affranchir de partenariats économiques qu’il juge inopportuns et ne consente plus à monnayer, contre une simple et mince contrepartie financière, ses ressources halieutiques au profit de partenaires dont la duplicité est avérée. Et qui, d’une manière ou d’une autre, peuvent toujours s’inspirer de la justice anglaise qui, le 25 mai dernier, avait tranché sur une affaire de même type, pour faire le distinguo entre éléments de droit et desseins politiques.

Ceci étant, la balle est dans le camp européen qui, depuis la décision de la Cour de justice européenne d’invalider l’accord en septembre 2021 et l’appel qui s’en est suivi, formulé par le Conseil de l’Union européenne un peu plus tard, attend le verdict et se doit, au moins, de reconnaître, entre temps, que ses différentes institutions ne sont pas si homogènes qu’elles en ont l’air.

En attendant, qui dit mieux, la Grande-Bretagne, l’Amérique du Nord, la Turquie, la Chine et l’Inde sont des clients potentiels.

Déjà liés par des accords de pêche avec le Maroc, la Russie et le Japon peuvent en ces temps de sécurité alimentaire et de changement climatique peuvent, en cas de besoin, aisément combler le vide.