L’année 2025 restera gravée dans les mémoires des acteurs financiers marocains. Dès les premières semaines, la dynamique haussière du MASI l’indice global de toutes les valeurs cotées s’est affirmée, stimulée par un contexte macroéconomique favorable et une confiance renouvelée des investisseurs. Au fil des mois, cette dynamique s’est confirmée, avec une progression annuelle d’environ +24 à +29 % selon les sources compilées à fin décembre, une performance bien au-delà de la moyenne des cinq années précédentes.
La capitalisation boursière a franchi pour la première fois, et durablement, le cap des 1 000 milliards de dirhams, un seuil symbolique qui confirme l’élargissement de la place financière casablancaise et son attractivité croissante pour les capitaux nationaux et internationaux. Cette avancée n’est pas uniquement symbolique : elle reflète un mouvement tangible de mobilisation de l’épargne vers le financement de l’économie productive.
Ce contexte porteur s’explique par plusieurs facteurs. La maîtrise de l’inflation, un environnement monétaire accommodant, et la visibilité offerte par les grands projets nationaux notamment les préparatifs pour la CAN 2025 et la Coupe du monde 2030 ont renforcé les anticipations de croissance à moyen terme pour l’économie marocaine. Cette combinaison rare de facteurs a agi comme un catalyseur pour les actions cotées, créant un climat propice à la valorisation.
Une progression généralisée… mais contrastée
Au-delà des chiffres d’ensemble, l’analyse sectorielle révèle que la hausse n’a pas été uniforme. Tandis que certains segments ont connu des replis (notamment boissons, chimie, immobilier et transport), une majorité écrasante des indices sectoriels a terminé l’année en hausse à deux chiffres, signe d’une confiance élargie dans les perspectives économiques. Cette dynamique s’accompagne d’un retour massif des volumes de transactions, avec une augmentation notoire des échanges sur le marché central, une mesure souvent associée à une liquidité retrouvée.
Les valeurs individuelles ont offert un contraste saisissant. Certaines petites capitalisations ont flambé, affichant des progressions spectaculaires parfois supérieures à +200 % bien que ces performances aient été accompagnées de volumes limités. À l’opposé, des valeurs de grande envergure, telles que TGCC et Sonasid, ont combiné des hausses robustes avec des échanges significatifs, ancrant ces mouvements dans une liquidité réelle et non simplement spéculative.
Le grand retour des IPO
Un autre marqueur fort de 2025 a été le retour des introductions en Bourse. En l’espace d’un seul exercice, trois opérations ont redonné vie à un phénomène longtemps absent sur la place casablancaise. Vicenne et Cash Plus ont ouvert la danse avec des levées respectives de centaines de millions de dirhams. Mais c’est l’IPO de SGTM qui a véritablement volé la vedette, pulvérisant des records de souscriptions historiques avec près de 173 000 investisseurs participants, un niveau inédit qui dépasse tout ce que le marché avait connu depuis l’introduction de Maroc Telecom.
Ces introductions montrent que, loin de rester un simple baromètre financier, la Bourse de Casablanca est redevenue un lieu où des projets industriels et financiers d’envergure peuvent se concrétiser, attirer des capitaux et offrir des opportunités réelles aux investisseurs.
Une maturité retrouvée… et des défis à surveiller
Malgré ces succès, certains observateurs appellent à la prudence, notamment face aux élans haussiers des petites capitalisations, qui pourraient susciter des excès ponctuels. D’autres pointent encore des défis structurels liés à la liquidité, à la diversité des produits et à l’accessibilité pour les investisseurs particuliers des aspects qui demandent une attention continue pour assurer une croissance durable du marché.
En somme, l’exercice 2025 de la Bourse de Casablanca se lit comme une page charnière : une combinaison rare de performance, de liquidité, de diversité d’actifs et de confiance retrouvée. Pour un pays en pleine transition économique, cette année marque peut-être le début d’un nouveau cycle où le marché des capitaux joue un rôle central dans l’investissement, la création de valeur et la démocratisation de l’épargne.
Alors que se referme une année de records et d’ambitions réaffirmées, la Bourse de Casablanca se présente à l’aube de 2026 comme un témoin vivant des transformations économiques du Royaume — vibrant, parfois imprévisible, mais résolument tourné vers l’avenir.
-
Casablanca revoit les redevances du domaine public : finances communales, tarification différenciée et valeur des espaces urbains
-
Grève à la TGR, crise de confiance et réforme fiscale : quand le chantier de la fiscalité locale déraille
-
Loi 03.25 : la réforme des OPCVM qui redessine le marché financier marocain
-
AMMC : attention aux conseils boursiers illégaux et aux plateformes de trading frauduleuses
-
Inflation au Maroc : l’Indice des prix à la consommation recule en novembre 2025, signes contrastés pour le pouvoir d’achat












L'accueil




